La situation incertaine, engendrée par la crise sanitaire, accentue
considérablement le climat anxiogène chez les étrangers en raison du
ralentissement de la vie économique et l’expiration des titres de séjour des
intéressés.
Il est important de rappeler que le Code de l’action sociale et des
familles considère les personnes immigrées comme un groupe de personnes
vulnérables en raison de la nationalité et des contraintes administratives
infligées aux étrangers.
L’étranger, pour être en situation de régularité, doit remplir les
conditions de la légalité prévues dans la loi. Le permis ou le titre de séjour
dispose généralement d’une durée limitée. Dépassant la date d’expiration du
titre de séjour, le ressortissant étranger se retrouve dans une situation
irrégulière qui le priverait de ses droits sociaux, économiques et
administratifs. Une telle situation plongerait l’étranger dans un état
d’angoisse permanent.
Il est à noté que depuis le 16 mars dernier deux ordonnances sont venues
pour limiter cette précarité administratives en prolongeant les titres de
séjour de 3 mois puis de 3 mois supplémentaires. Les deux ordonnance portent
les références suivantes n°2020-309 du 25 mars 2020 et n° 2020-460 du 22 avril
2020 et concernent les diverses mesures prises pour faire face à l’épidémie de
covid-19.
Les titres de séjour qui expirent entre le 16 mars et 15 mai ont été prolongés de 6 mois, qu’en est-il des autres ?
Le 24 avril 2020, le ministère de l’intérieur avait annoncé dans un
communiqué que les titres de séjour, récépissés et visas de long séjour qui
expirent entre le 16 mars et le 15 mai 2020, qui avaient déjà été prolongés de
3 mois par l’ordonnance du 25 mars 2020, sont prolongés de 3 mois
supplémentaires, par l’ordonnance du 22 avril 2020 portant diverses mesures
prises pour faire face à l’épidémie de covid-19, soit une prolongation totale
de 6 mois.
Cette mesure concerne les titres suivants : Visas de long séjour ;
titres de séjour ; autorisations provisoires de séjour ; et récépissés de
demande de titre de séjour.
Les visas de court séjour ne figurent pas dans la liste. Cependant,
plusieurs préfectures ont décidé d’instruire les demandes de prolongation. Le
site internet du servicepublic.fr a précisé qu' »en raison des
circonstances sanitaires et des difficultés à rejoindre son pays d’origine, il
est toujours possible de demander une prolongation auprès de la préfecture.
Plusieurs préfectures reçoivent les demandes en ligne ».
Il se pourrait que ces demandes de prolongation des visas de court séjour se feront au cas par cas en prenant en considération, essentiellement, l’état du trafic aérien entre le pays d’origine et la France durant cette période d’urgence sanitaire.
Peut-on entrer sur le territoire français avec un titre de séjour expiré mais prolongé ?
Cette probabilité n’est pas encore envisageable puisque la réouverture
des frontières avec les pays extracommunautaires serait possible qu’à partir du
mois de septembre prochain selon les déclarations du président Macron. Si le
titre de séjour n’était plus valable, l’étranger bloqué dans son pays d’origine
ou dans le reste du monde devra solliciter un visa de retour auprès du Consulat
français. Cela devra être le principe, sauf si la loi prévoyait une nouvelle
mesure dérogatoire pour les personnes concernées par l’expiration du titre de
séjour.
Est-il possible de demander une prolongation de son titre de séjour pour motif de stage ou d’études ?
Le principe pour proroger son titre de séjour est d’avancer un motif
sérieux au service des étrangers de la préfecture. Si la raison est valable, le
préfet peut procéder au renouvellement du titre de séjour du ressortissant
étranger sur le territoire français. Il est aussi judicieux de rappeler que le
préfet dispose d’un large pouvoir discrétionnaire qui lui permet d’apprécier la
demande de prolongation du séjour de l’intéressé. Ce pouvoir n’est pas absolu
et reste sous le contrôle du juge de la légalité, c’est-à-dire, le juge administratif.
Est-il légal de poursuivre son stage de fin d’études avec un titre de séjour expiré et non prolongé ?
Le titre de séjour non prolongé est un titre non valide. L’intéressé ne
pourra pas du coup poursuivre son stage de fin d’études en entreprise.
Selon les règles du droit du travail, l’entreprise doit vérifier la
régularité du titre de séjour du candidat stagiaire ou du stagiaire. L’omission
de vérification par le chef d’entreprise le conduirait à des sanctions prévues
dans les codes du travail et pénal.
Peut-on entamer une procédure de naturalisation ou de regroupement familial avec un titre de séjour expiré mais prolongé ?
S’il le titre de séjour a pu être prolongé conformément aux dispositions
de l’Ordonnance n° 2020-460 du 22 avril 2020 portant diverses mesures prises
pour faire face à l’épidémie de covid-19, l’intéressé peut postuler pour
l’acquisition de la nationalité français par la naturalisation et demander
l’admission au séjour d’un ou des membre(s) de sa famille au titre du regroupement
familial.
Je me permets de rappeler que les activités d’accueil du public de
l’Office français de l’immigration et de l’intégration sont suspendues depuis
la pandémie du covid-19. Les communiqués de presse des 22, 23 et 26 mars 2020
rappellent, également, qu’en matière de regroupement familial, les dossiers
sont toujours reçus par courrier mais les visites à domicile sont suspendues
jusqu’à nouvel ordre.